A l'enfant que je n'aurai jamais - Linda Lê
Le prix Wepler, décerné l'an dernier à Cronos, a sans doute contribué à mieux faire connaître Linda Lê, l'un de nos plus grands écrivains vivants, que sa discrétion a conduite à bâtir une œuvre monumentale loin des médias. Originaire de Dalat, au Vietnam, Linda Lê éprouve depuis toujours un amour infini pour la langue française et la littérature. Dès Les Evangiles du crime (1992), l'originalité de son style se déploie pour associer une sorte de lucidité immédiate, une vérité rigoureuse et une élégance verbale qui n'appartiennent qu'à elle. Dans chaque roman de Linda Lê se met en scène un combat, personnel ou imaginaire (Les Trois Parques, Les Aubes, Lettre morte), où la sérénité de l'écriture contraste avec la brutalité de la situation. La puissance de son analyse la campe résolument dans le monde contemporain alors que ses intrigues, ses personnages et sa mythologie héritent clairement de sa passion pour la littérature de l'âge classique. Animée d'une liberté intransigeante, Linda Lê aura peu à peu tissé son univers où les thèmes de l'amour et de la mort (In Memoriam) et de la prise de pouvoir (Cronos) se retrouvent ainsi, culminants, dans À l'enfant que je n'aurai pas. Abondamment traduite en anglais, en néerlandais et en portugais, son œuvre a été publiée quasi intégralement par les Editions Christian Bourgois, dont elle est sans nul doute la figure de proue de la littérature française contemporaine.
Mon Avis :
J'ai ressenti beaucoup d'émotion à la lecture de ce Livre.
Linda Lê nous livre là ses sentimetns les plus profonds, du passé au présent, avec une grande sincérité. Elle nous relate son enfance sans tendresse maternelle, une mère difficile voire impossible à satisfaire, et qui n'a jamais exprimé le moindre sentiment à son égard... un compagnon éprouvant le désir d'être père et ne comprenant pas sa décision, qui finalement la laissera seule, comme si son amour ne dépendait de cette décision d'enfanter.
Mais où l'auteure m'a le plus touché c'est lorsqu'elle parle à son enfant, celui qu'elle ne mettra jamais au monde mais qu'elle fait naitre pour un instant, le temps d'une lettre, nous dévoilant là une décision mûrment réfléchie, où elle a tout envisagée de sa vie avec lui, de elurs partages s'il avait existé, et de nous démontre que malgré tout, sa décision reste celle de ne pas être mère, de continuer à donner vie à sa passion : l'écriture.